Les Orcades
Cet archipel balayé par les vents se trouve à la même latitude qu’Oslo, mais doit à la dérive atlantique nord un climat plutôt tempéré, mais très humide, sans jamais de vraie chaleur (température moyenne l’été : 12 °). Sur l’île principale (Mainland) se trouve la ville la plus importante, Kirkwall (8500 habitants), dans laquelle on trouve la distillerie Highland Park, la plus au Nord qui soit, et à quelques kilomètres de là, sur la baie de Scapa Flow, (qui abrita longtemps la Home Fleet), l’autre distillerie de l’archipel, Scapa.
Ces deux single malts partagent la couleur vieil or. Le 18 ans d’Highland Park, onctueux, qui provient d’un assemblage de fûts de sherry et de fûts de bourbon, développe un caractère floral, avec des odeurs de miel et d’orge fumée. Le Scapa, subtil, légèrement iodé, est davantage lui marqué par la vanille.
Les Hébrides
Les Hébrides extérieures
Lewis et Harris:
Durant des décennies, les Hébrides extérieures n’abritaient aucune distillerie: après quelques années d’activité, la dernière avait fermé aux alentours de 1840. Et puis, en 2008, a ouvert, sur la partie occidentale de Lewis et Harris (consacrée voilà peu par une consultation auprès des internautes comme la plus 5e plus belle île du monde (et première en Europe), à deux pas de l’océan, la Abhainn Dearg distillery. Avec une orge cultivée sur place, elle a sorti, pour sa première livraison en 2011, une cuvée spéciale limitée à 2011 bouteilles et titrant 46°. Elle produit depuis le Spirit of Lewis, vieilli en fûts de sherry, embouteillé manuellement, et titrant également 46°.
Les Hébrides intérieures
Pour ce qui nous concerne, c’est-à-dire pour les îles qui abritent une ou plusieurs distilleries, bénéficient toutes du même climat typiquement océanique, où les effets de la dérive atlantique nord atténuent les rigueurs que pourrait induire la latitude.
Skye
Après Lewis et Harris, c’est la plus grande des îles écossaises, avec plus de 1700 km2. La chaîne des Cullins offre à l’île de splendides paysages sauvages au sein desquels surgissent çà et là quelques vieux châteaux (dont celui de Duvegan, fief des Mac Leod).
C’est sur la côte ouest, à Carbost, que se situe la seule distillerie de l’ïle : Talisker. Ce single malt iodé est également poivré, “full-bodied” (corsé) et surtout, fumé. Il existe une version vieillie en fûts d’Amoroso qui développe des notes de mûres et de noix. Une valeur sûre dans la gamme des Classics malts.
Mull
Ses 875 km2 sont dominés par la silhouette du Ben More (966 m). C’est sur la côte nord que s’est installée la ville principale, Tobermory, où réside la majorité des habitants de l’île, et qui a donné son nom à la seule distillerie. La production de celle-ci est essentiellement orientée vers la confection du blend, ce qui ne l’empêche pas de produire deux single malts : le Tobermory, aux arômes floraux et au goût de fruits mûrs, et le Ledaig (de l’ancien nom de la distillerie), nettement plus tourbé.
Jura
Cette petite île de taille plus modeste (368 km2), et dont le nom vient du vieux norrois “hjörtr”, qui signifie daim, animal qui abondait autrefois, compte moins de 200 habitants, presque tous dans le village de Craighouse, au sud de la côte est et dans lequel, bien entendu, se trouve la distillerie qui a emprunté son nom à l’île. Celle-ci développe une gamme complète : Origin, Elixir, Prophecy, Superstition, Diurach’s own, etc… Ils ont en commun un nez souvent fumé, une bouche marquée par les agrumes, mais ont chacun leur personnalité : des arômes de miel et de vanille pour le Prophecy, des notes à la fois fruitées et florales pour le Diurach’s own (le choix des habitants de l’île), des senteurs d’amandes et de café pour l’Elixir, des goûts de noisette dominée par la tourbe et l’orge pour le Superstition.
Islay
Séparée de Jura par un pertuis que traverse un ferry, c’est la plus méridionale des Hébrides. On y compte environ 3000 habitants (pour 620 km2). Sa capitale est Bowmore, mais l’île abrite en tout 10 distilleries : Ardbeg, Lagavulin, Bowmore, Bruichladdich, Bunnahabhain, Caol Ila, Port Ellen (fermée en 1984) , Laphroaig, et Kilchoman. Il n’est pas exagéré de dire que l’île vit pour le whisky.
Point commun : ils sont tous puissamment tourbés. Exception : Bunnahabhain, au caractère à la fois rustique et maritime, mariant à la fois des notes florales et des saveurs sucrées. Pour les autres, l’amateur n’a que l’embarras du choix, entre le classique Lagavulin, puissant, et iodé, l’Ardbeg, désigné par certains spécialistes comme le meilleur whisky du monde, le Laphroaig, décrit par ses inconditionnels comme le plus typique (iodé, salé, tourbé) quand d’autres y voient un produit médicinal, le Caol Ila, très marin malgré ses notes de fruits frais et de fleurs, le Kilchoman, qui résume peut-être le mieux l’ensemble. Notons aussi que Bruichladdich, s’enorgueillit de proposer un whisky labellisé « bio », et que, par ailleurs, la distillerie recycle ses déchets organiques après distillation pour les transformer en biogaz et en électricité. Enfin, si vous réussissez à trouver un Port Ellen, il vous faudra casser votre tirelire (à partir de 650 euros).
Arran
Avec 480 km2, c’est la plus grande des îles du Firth of Clyde. Elle compte un peu plus de 5000 habitants. Au XVIIIème siècle, elle abritait plus de cinquante distilleries, presque toutes clandestines il est vrai. Toutes ont disparu, et il a fallu attendre 1995 pour assister à l’ouverture de la distillerie Arran, à Lochranza, sur la côte nord-ouest (et dont la château a probablement inspiré Hergé pour “L’île noire”). Elle nous propose un single malt très élégant, à la robe très pâle, étonnamment presque incolore, aux arômes fruités (poire, raisin), frais et épicés ; mais aussi des “cask finishes”, c’est-à-dire des malts vieillis dans de fûts de Porto, de Sauternes, ou encore d’Amarone (cépage donnant naissance au Valpolicella). Des produits à découvrir, à des prix malgré tout raisonnables.
Campbeltown
Il peut paraître pour le moins surprenant de faire figurer ici cette ville, laquelle n’est en effet pas sur une île. Presque un peu quand même : Cambeltown est située sur la côte est de la péninsule du Kintyre, dans une position géographique quasi-insulaire. Elle abrite deux distilleries : Glen Scotia et Springbank. Le Glen Scotia a bien le caractère marin qui nous a poussés à le classer ici, avec des notes de céréales et même de caramel au beurre salé. Caramel aussi dans les versions vieillies du Springbank, accolé au chocolat, à la vanille, et aux agrumes.
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Les Islays sont mes préférés.
Et particulièrement le Laphroaig. Le 15 ans plus que le 18 ans d'ailleurs.
Et le 10 ans est facilement abordable...
Faudrait que j'essaye le Ardbeg ^^
Bonjour Presson et merci pour votre commentaire,
N'hésitez pas à nous faire un retour ici-même si vous testez le Ardbeg pour nous dire comment vous l'avez trouvé. Pour le Laphroaig il devrait tenir sa place dans la rubrique coup de cœur prochainement.
Bonne soirée !
Bonjour
Pour avoir testé le Ardberg, le goût tourbé est très entêtant...Plus sec que le lagavulin ou le caolila.....Un très bon cru....Mais beaucoup moins souple que le premier cité...Se boit plus facilement après les repas qu'avant (mais n'est-ce pas une hérésie que de boire de telles liqueurs avant le repas.....Il reflète les soirs de tempête....Alors que le lagavulin est plus "douceur printanière"....Plus "fleuri"....A bientôt....
Bonjour Frédéric et merci pour votre commentaire !
Vous semblez vous aussi préférer, tout comme nous, déguster votre whisky après le repas, le plus éloigné de ce dernier possible ;). Merci pour votre retour.
À très bientôt !