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Les Highlands

Les Highlands

A dire vrai, on chercherait en vain une certaine unité entre les différents whiskies produits par cette région. Il est possible en revanche de les caractériser en sous-groupes, correspondant chacun à un point cardinal.

Les Highlands du Nord

Elles regroupent une dizaine de distillerie allant de Tomatin, la plus au sud (quelques kilomètres au sud d’Inverness), et aussi la plus grande d’Écosse ; à Pulteney, la plus septentrionale des distilleries de la partie “continentale”. Les trois-quarts d’entre elles sont situées sur la côte est et la plus à l’intérieur des terres, Teaninich (prononcer shiann inik), située à Alness, n’est qu’à quelques encablures de la mer du Nord. On ne sera donc pas surpris du caractère marin de ces whiskies, souvent fumés (Pulteney ; Balblair, également tourbé), mais moins iodés que ceux des îles ou de la côte ouest.
Le plus connu est le Glenmorangie, qui a pourtant le moins le caractère marin, et qui est aussi le single malt le plus vendu outre-Manche. La gamme de la distillerie est très étendue, et propose des malts très variés selon la maturation subie : d’abord dans des fûts de bourbon, puis, tantôt dans des fûts de sherry oloroso (le Lasanta) tantôt de Porto Ruby (Le Quinta Ruban), voire de Sauternes (Nectar d’or). Les résultats sont étonnants !

Les Highlands occidentales

Cette bande côtière, qui s’étend du Kintyre jusqu’à hauteur d’Islay, est une région assez sauvage, au relief tourmenté, balayée par les vents de l’Atlantique. Elle n’a jamais compté beaucoup de distilleries. Deux subsistent aujourd’hui : Ben Nevis, à Fort Willliam, qui tire son nom du mont voisin, point culminant du pays (1344m) et Oban. Ben Nevis est une des plus anciennes distilleries, puisque fondée en 1825 par John Mac Donald (dont on utilisera plus tard le surnom de Long John). La palette de ses produits est d’une grande richesse, avec des malts généralement puissants, voire rustiques, souvent tourbés, fumés, salés ; la couleur locale en quelque sorte ; mais aussi parfois plus floraux. Les amateurs y trouvent tantôt des saveurs de fruits exotiques (mangue notamment), tantôt des arômes de caramel au beurre salé, de café, de chocolat, d’épices : il y en a pour tous les goûts !
Oban, de par son appartenance aux Classics malts de Diaego, est davantage connu. Le 14 ans que l’on trouve en grande surface développe une ambiance discrètement iodée, fruitée. A boire au coin d’un bon feu de bois. Le Montillana Fino (chez les cavistes), vieilli comme son nom l’indique en fûts de xérès, y ajoute des saveurs plus exotiques.

Les Highlands orientales

C’est la région qui entoure Aberdeen, à l’est du Speyside, dont elle est séparée par une fameuse rivière à truites et à saumons (qui est en fait un fleuve) : la Deveron. C’est sans doute la partie de l’Écosse dans laquelle on a enregistré le plus grand nombre de fermetures de distilleries de whisky écossais : ainsi, il ne reste plus aucune distillerie à Aberdeen, qui en a dénombré 12 ! C’est donc aussi la région qui compte le plus de “ fossiles”, si l’on peut les appeler ainsi : des whiskies produits par des établissements aujourd’hui disparus : Glen Esk, Glenury Royal, Glenugie.
Pour ce qui concerne les whiskies toujours distillés, le Glen Deveron de la distillerie MacDuff, un malt léger, est sans doute le plus répandu, le plus abordable aussi. Le Royal Lochnagar, que la Reine Victoria dit-on, commandait lorsqu’elle passait l’été dans son château de Balmoral, tout proche de la distillerie installée à Ballater, a heureusement vu son prix baisser : on peut se laisser tenter par le 12 ans, fruité, sans attendre de gagner au loto. Les grands noms du crû nécessitent par contre de puiser dans les économies : le premier prix d’un Glen Garioch dépasse les cinquante euros, certaines versions millésimées avoisinent les 200, voire les 400 euros. L’Ardmore est heureusement plus raisonnable : toute une gamme entre 40 et 100 euros, avec pour ces prix-là, une très grande richesse aromatique. Enfin, compter une somme intermédiaire pour goûter aux subtiles notes d’agrumes et de fleurs d’un Fettercairn, à condition d’en trouver.

Les Highlands du sud

Elles constituent également la partie centrale, au sud du Speyside, au nord des Lowlands, selon au axe sud-ouest / nord est qui partirait du Loch Lomond et aboutirait à Montrose.
Bien que dotée d’un climat moins doux que celui des Lowlands, la région peut quand même paraître prédestinée à la fabrication du whisky : de l’eau en abondance (vallées du Tay, de l’Earn, du Forth), et une alternance de tourbières et de sols alluviaux où l’orge peut pousser.

On y a compté presque 130 distilleries, dont l’immense majorité a disparu. On retiendra aujourd’hui :

* à l’est, le comté de Perth, qui abrite la plus forte concentration avec notamment, par ordre alphabétique : Aberfeldy, Blair Athol, une des plus visitées, Deanston, Edradour, une des plus petites, qui produit pourtant une gamme extrêmement variée avec en fin de maturation des fûts ayant contenu : du cherry, du Porto, du Madère, du Sauternes, du Chardonnay, du Bourgogne ou du vin toscan ; Glenturret, Tullibardine, à la production encore limitée depuis sa réouverture en 2003.

* au centre, dans le Stirlingshire, non loin des terres sur lesquelles se bâtit la légende de l’indépendance écossaise (lors de la bataille du pont de Stirling, en 1297, les armées de William Wallace (le “Braveheart” de Mel Gibson) infligent une défaite aux Anglais. Non loin de là, à Bannockburn, en 1314, Robert Bruce, qui a relevé le flambeau après l’exécution de Wallace, remet cela contre les troupes d’Edouard II) se trouve la distillerie Glengoyne.

* à l’ouest, (au point que certains la considèrent comme faisant partie des Highlands occidentales, ce qui paraît pour le moins abusif), près du lac qui lui a donné son nom, à Alexandria, la distillerie Loch Lomond, le fameux whisky du Capitaine Haddock ! Sauf que… En réalité, le Capitaine n’a pas pu déguster un whisky produit par cette distillerie, qui n’a ouvert ses portes qu’en 1965 (et a du reste connu dans les années 1980 une courte période de fermeture). Certes, le nom Loch Lomond avait déjà été utilisé par une autre distillerie, mais fermée en 1817 ! Tout porte donc à croire qu’Hergé a, en toute innocence (on l’imagine d’ailleurs mal faire de la publicité pour une boisson alcoolisée !) inventé le nom, persuadé qu’aucun whisky ne s’appelait ainsi.

* enfin, tout au nord de la zone se trouve Dalwhinnie, la distillerie la plus haute d’Écosse (326 mètres). Le whisky écossais qui y est produit est majoritairement destinée au blending, ce qui ne l’empêche pas de produire un excellent single malt, délicatement fumé (c’est eux qui le disent !) qui complète la gamme des Classics malts de Diaego.

S’il fallait définir les traits communs entre tous les whiskies écossais de cette région, on le ferait d’abord par la négative : pas de caractère marin (contrairement à ceux du Nord), peu marqués par la tourbe (contrairement à ceux de l’ouest), une certaine subtilité plus sèche que leurs voisins du Speyside, une richesse aromatique où l’on retrouve des arômes de miel, de bruyère, d’épices, de réglisse, de citronnelle, ou de fruits rouges.

View Comments (2)

  • Est-il possible de retrouver ces whiskys en vente a l'aeroport d'edinburgh : Aberlour , Talisker , Deanston Oban , Glengoye

    Pourriez vous me donner les noms et lieux de distillerie de whiskys vraiment artisanaux ?

  • Bonjour madame Tillier,

    Il s'agit d'une excellente question à laquelle nous n'avons malheureusement pas la réponse.

    Amis lecteurs, si quelqu'un a la réponse, nous l'invitons vivement à la publier ci-dessous.

    Cordialement,